The End Is the Beginning Is the End (Le film est après le texte en fait)
Oui, je jouais beaucoup aux point'n click de Lucas Art, et grâce entre autre à Zak Mc Kraken, j' étais persuadé qu'Elvis habitait dans un pyramide sur Mars. J'y crois toujours d'ailleurs. Si ça se trouve.
L'année de mes seize ans, en 1995, j'ai réalisé intégralement seul mon premier vrai court-métrage, commencé l'année précédente. Depuis mes onze ans, je tournais des bouts d'essais et d'animation avec la caméra super 8 qui m'avait filmé enfant. Une première histoire avait été tournée avant L.U.N.A., deux ans auparavant, mais après trois mois d'efforts en rentrant le soir de l'école et les week end, et un mois d'attente de développement, Kodak Suisse m'avait renvoyé une bobine grillée et sans image. J'aurai pu m'énerver et abandonner, mais un jour l'un de mes frères s'était offert un camescope VHS, bien avant que le numérique existe. L.U.N.A. a été filmé avec cette caméra portative comme dirait Doc Emmet Brown.
Je parlais peu au lycée, mais sans cesse de ma future "Trilogie Martienne" (oui, je voulais faire mieux que Star Wars...). Mon professeur de géographie m'avait demandé de me reconcentrer un peu sur mes cours. Pourtant, il m'aimait bien. J'avais dessiné son portrait et à ce jour, il paraîtrait qu'il est toujours sous cadre sur son bureau. Monsieur P. qu'il s'appelait, un ancien punk devenu prof qui habillait son petit garçon avec le même costume que lui, fait sur mesure à Londres.
J'avais aussi surmonté ma timidité de l'époque en allant voir le vieux monsieur Robin (qui avait passé les bobines de Robin Hood à l'envers en 1986), qui dirigeait le cinéma. Je lui avais présenté mon film pour en faire une petite projection privée. Il avait accepté, et entre deux mouchoirs balancés par dessus l'épaule (il était très enrhumé), il m'a dit avoir trouvé mon hommage à "2001 l'Odyssée de l'espace" de Kubrick, avec la séquence de la fusée, "vraiment formidable". Euh, j'ai dit oui, mais, un je ne vois pas bien où est l'hommage, et de deux, je n'ai pas vu 2001 avant mes 21 ans... Encourageant cela dit.
J'ai un très bon souvenir du jour où j'ai sculpté la fusée du film. C'était le jour où j'apprenais que je ne ferai jamais mon service militaire. Un bon souvenir donc. "Thank you Mister President." Une période où tous les soirs j'assemblais mes décors.
C'était maladroit, hors-champ on voit mes mains, mais c'était bien.
Ce n'était pas forcément évident à comprendre mais le personnage est le même durant tout le film. Il change simplement d'apparence entre la réalité, les rêves et les chemins qu'il prend. L'acteur en prise de vue réelle était Jonathan, le petit frère de mon copain Joseph. On avait tourné chez eux. Leur père, grand musicien, regardait en silence la scène dans l'entretoise de la porte. Joseph me raconta plus tard, "mon père dit que tu es un fou, mais un génie qui un jour aura du succès". Un truc du genre en tout cas. J'avais joué la carte de l'humilité, mais en fait j'étais super fier. Et un peu déçu aujourd'hui. Car manifestement je ne suis pas un "génie".
C'était passionnant. J'avais inventé d'incroyables effets spéciaux.
Il y avait aussi cette manie où je souhaitais absolument mettre en exergue des éléments de l'histoire, en les filmant sur un fond noir. Il devait y avoir une référence aussi à "L'apprenti sorcier" de Disney, qui m'avait beaucoup marqué enfant, d'où l'utilisation de la musique de Paul Dukas.
Ma belle sœur de l'époque avait prêté ses traits au rôle de la Fée. Elle m'avait demandé si elle pouvait garder la baguette magique en pâte Fimo phosphorescente. Je ne sais pas si elle l'a encore.
Pour essayer de me distinguer un peu au lycée, j'avais inventer un alphabet à 28 symboles. Et j'écrivais comme ça. Mais ça n'intéressait pas grand monde. C'était pour "L.U.N.A.".
Mon ami Gregg, rencontré au lycée, m'avait fait découvrir plein de films, dont "Clockwork Orange" de Kubrick. De là et du premier Die Hard est née ma passion pour la neuvième de Beethoven. Die Hard est le meilleur film d'action de tous les temps. Et le film culte du petit frère policier de mon pote Gregg tiens. Plus fort, le père de Jonathan et Joseph m'avait offert des vynils de sa collection privée, dont la B.O. d'Orange Mécanique. "How bizarre."
Un grand moment que celui de filmer sur le bureau de mon père, là où j'ai appris à dessiner pendant qu'il travaillait.
Mon père qui a été la seule personne à m'aider pendant le tournage, lors d'un plan compliqué à réaliser. Dans l'ancienne chambre de mon frère convertie en atelier, il y avait un grand décor, et je souhaitais un grand travelling, dans lequel il y avait plusieurs manivelles à tourner sur le trépied.
J'aurai bien aimé avoir plus de mains pour faire le montage sonore aussi. En prise unique et directe, entre deux platines cd, branchées sur une mini table de mixage empruntée, le camescope relié au magnétoscope, lui même branché à un micro, tenue par ma main droite pour viser sans "scratcher" les deux enceintes. Compliqué. Pas encore de numérique, comme je l'ai écris plus haut.
Le soir de la projection... Une dizaine d'amis... Mon professeur d'histoire géographie... et mes parents absents car j'étais trop tétanisé pour les inviter. D'ailleurs, je n'avais pas vu le film sur grand écran. Durant la projection, je faisais des allers retours entre la cabine et la salle. Puis, après un silence et de timides applaudissements, Fabrice s'est retourné, suivis par d'autres semblables remarques, et a dit : "C'est bien... Mais on n'a pas tout compris je crois..."
Je ne me rappelle pas de la réaction de Gregg d'alors. Presque quinze ans après, lorsque nous nous sommes retrouvés il m'a rappelé cette soirée, et m'a confié tout le bien qu'il en avait alors pensé. Cool.
Voilà pourquoi, la seule vraie prémonition qui s'est révélée exacte, fût le choix d'utiliser pour le final la bande son du film "Ed Wood" de Tim Burton , merveilleux souvenir de ma vraie première fête du cinéma, sorti en 1995. "This is the one. The one I'll remembered for."
Un jour, quand je serai grand, je serai réalisateur, et on se rappellera de moi.
De toute façons, j'aime L.U.N.A., c'est mon vrai premier film, publié sur la toile pour la première fois :
A.
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